TEXTES LIBRES
TEXTE INTÉGRAL
Introduction
Comédie pastorale héroïque
Représentée la première fois à Saint-Germain-en-Laye pour le Roi au Ballet des Muses le 2e décembre 1666 par la Troupe du Roi
Personnages
Acante, amant de Daphné.
Tyrène, amant d'Eroxène.
Daphné, bergère.
Eroxène, bergère.
Lycarsis, pâtre, cru père de Myrtil.
Myrtil, amant de Mélicerte.
Mélicerte, Nymphe ou bergère, amante de Myrtil.
Corinne, confidente de Mélicerte.
Nicandre, berger.
Mopse, berger, cru oncle de Mélicerte.
La scène est en Thessalie, dans la vallée de Tempé.
Acte I
Scène I
Tyrène, Daphné, Acante, Eroxène
Acante
Ah ! charmante Daphné !
Tyrène
Trop aimable Eroxène.
Daphné
Acante, laisse-moi.
Eroxène
Ne me suis point, Tyrène.
Acante
Pourquoi me chasses-tu ?
Tyrène
Pourquoi fuis-tu mes pas ?
Daphné
Tu me plais loin de moi.
Eroxène
Je m'aime où tu n'es pas. Acante
Ne cesseras-tu point cette rigueur mortelle ?
Tyrène
Ne cesseras-tu point de m'être si cruelle ?
Daphné
Ne cesseras-tu point tes inutiles voeux ?
Eroxène
Ne cesseras-tu point de m'être si fâcheux ?
Acante
Si tu n'en prends pitié, je succombe à ma peine.
Tyrène
Si tu ne me secours, ma mort est trop certaine.
Daphné
Si tu ne veux partir, je vais quitter ce lieu.
Eroxène
Si tu veux demeurer, je te vais dire adieu.
Acante
Hé bien ! en m'éloignant je te vais satisfaire.
Tyrène
Mon départ va t'ôter ce qui peut te déplaire. Acante
Généreuse Eroxène, en faveur de mes feux
Daigne au moins, par pitié, lui dire un mot ou deux.
Tyrène
Obligeante Daphné, parle à cette inhumaine,
Et sache d'où pour moi procède tant de haine. Scène II
Daphné, Eroxène
Eroxène
Acante a du mérite, et t'aime tendrement
D'où vient que tu lui fais un si dur traitement ?
Daphné
Tyrène vaut beaucoup, et languit pour tes charmes :
D'où vient que sans pitié tu vois couler ses larmes ?
Eroxène
Puisque j'ai fait ici la demande avant toi,
La raison te condamne à répondre avant moi.
Daphné
Pour tous les soins d'Acante on me voit inflexible,
Parce qu'à d'autres voeux je me trouve sensible.
Eroxène
Je ne fais pour Tyrène éclater que rigueur,
Parce qu'un autre choix est maître de mon coeur.
Daphné
Puis-je savoir de toi ce choix qu'on te voit taire ? Eroxène
Oui, si tu veux du tien m'apprendre le mystère.
Daphné
Sans te nommer celui qu'Amour m'a fait choisir,
Je puis facilement contenter ton desir,
Et de la main d'Atis, ce peintre inimitable,
J'en garde dans ma poche un portrait admirable,
Qui jusqu'au moindre trait lui ressemble si fort,
Qu'il est sûr que tes yeux le connoîtront d'abord.
Eroxène
Je puis te contenter par une même voie,
Et payer ton secret en pareille monnoie :
J'ai de la main aussi de ce peintre fameux,
Un aimable portrait de l'objet de mes voeux,
Si plein de tous ses traits et de sa grâce extrême,
Que tu pourras d'abord te le nommer toi-même.
Daphné
La boîte que le peintre a fait faire pour moi
Est tout à fait semblable à celle que je voi.
Eroxène
Il est vrai, l'une à l'autre entièrement ressemble,
Et certe il faut qu'Atis les ait fait faire ensemble. Daphné
Faisons en même temps, par un peu de couleurs,
Confidence à nos yeux du secret de nos Coeurs.
Eroxène
Voyons à qui plus vite entendra ce langage,
Et qui parle le mieux, de l'un ou l'autre ouvrage.
Daphné
La méprise est plaisante, et tu te brouilles bien :
Au lieu de ton portrait tu m'as rendu le mien.
Eroxène
Il est vrai, je ne sais comme j'ai fait la chose.
Daphné
Donne. De cette erreur ta rêverie est Cause.
Eroxène
Que veut dire ceci ? Nous nous jouons, je croi :
Tu fais de ces portraits même chose que moi.
Daphné
Certes, c'est pour en rire, et tu peux me le rendre.
Eroxène
Voici le vrai moyen de ne se point méprendre. Daphné
De mes sens prévenus est-ce une illusion ?
Eroxène
Mon âme sur mes yeux fait-elle impression ?
Daphné
Myrtil à mes regards s'offre dans cet ouvrage.
Eroxène
De Myrtil dans ces traits je rencontre l'image.
Daphné
C'est le jeune Myrtil qui fait naître mes feux.
Eroxène
C'est au jeune Myrtil que tendent tous mes voeux.
Daphné
Je venois aujourd'hui te prier de lui dire
Les soins que pour son sort son mérite m'inspire.
Eroxène
Je venois te chercher pour servir mon ardeur,
Dans le dessein que j'ai de m'assurer son coeur.
Daphné
Cette ardeur qu'il t'inspire est-elle si puissante ? Eroxène
L'aimes-tu d'une amour qui soit si violente ?
Daphné
Il n'est point de froideur qu'il ne puisse enflammer,
Et sa grâce naissante a de quoi tout charmer.
Eroxène
Il n'est Nymphe en l'aimant qui ne se tînt heureuse,
Et Diane, sans honte, en seroit amoureuse.
Daphné
Rien que son air charmant ne me touche aujourd'hui,
Et si j'avois cent coeurs, ils seroient tous pour lui.
Eroxène
Il efface à mes yeux tout ce qu'on voit paraître ;
Et si j'avois un sceptre, il en seroit le maître.
Daphné
Ce seroit donc en vain qu'à chacune, en ce jour,
On nous voudroit du sein arracher cet amour :
Nos âmes dans leurs voeux sont trop bien affermies.
Ne tâchons, s'il se peut, qu'à demeurer amies ;
Et puisque, en même temps, pour le même sujet,
Nous avons toutes deux formé même projet,
Mettons dans ce débat la franchise en usage,
Ne prenons l'une et l'autre aucun lâche avantage, Et courons nous ouvrir ensemble à Lycarsis
Des tendres sentiments où nous jette son fils.
Eroxène
J'ai peine à concevoir, tant la surprise est forte,
Comme un tel fils est né d'un père de la sorte ;
Et sa taille, son air, sa parole et ses yeux
Feroient croire qu'il est issu du sang des Dieux ;
Mais enfin j'y souscris, courons trouver ce père,
Allons lui de nos coeurs découvrir le mystère,
Et consentons qu'après Myrtil entre nous deux
Décide par son choix ce combat de nos voeux.
Daphné
Soit. Je vois Lycarsis avec Mopse et Nicandre ;
Ils pourront le quitter : cachons-nous pour attendre. Scène III
Lycarsis, Mopse, Nicandre
Nicandre
Dis-nous donc ta nouvelle.
Lycarsis
Ah ! que vous me pressez !
Cela ne se dit pas comme vous le pensez.
Mopse
Que de sottes façons, et que de badinage !
Ménalque pour chanter n'en fait pas davantage.
Lycarsis
Parmi les curieux des affaires d'Etat,
Une nouvelle à dire est d'un puissant éclat.
Je me veux mettre un peu sur l'homme d'importance,
Et jouir quelque temps de votre impatience.
Nicandre
Veux-tu par tes délais nous fatiguer tous deux ?
Mopse
Prends-tu quelque plaisir à te rendre fâcheux ?
Nicandre
De grâce, parle, et mets ces mines en arrière. Lycarsis
Priez-moi donc tous deux de la bonne manière,
Et me dites chacun quel don vous me ferez,
Pour obtenir de moi ce que vous desirez.
Mopse
La peste soit du fat ! Laissons-le là, Nicandre.
Il brûle de parler, bien plus que nous d'entendre ;
Sa nouvelle lui pèse, il veut s'en décharger ;
Et ne l'écouter pas est le faire enrager.
Lycarsis
Eh !
Nicandre
Te voilà puni de tes façons, de faire.
Lycarsis
Je m'en vais vous le dire, écoutez.
Mopse
Point d'affaire.
Lycarsis
Quoi ? vous ne voulez pas m'entendre ?
Nicandre
Non. Lycarsis
Eh bien !
Je ne dirai donc mot, et vous ne saurez rien.
Mopse
Soit.
Lycarsis
Vous ne saurez pas qu'avec magnificence
Le Roi vient d'honorer Tempé de sa présence ;
Qu'il entra dans Larisse hier sur le haut du jour ;
Qu'à l'aise je l'y vis avec toute sa cour ;
Que ces bois vont jouir aujourd'hui de sa vue,
Et qu'on raisonne fort touchant cette venue.
Nicandre
Nous n'avons pas envie aussi de rien savoir.
Lycarsis
Je vis cent choses là ravissantes à voir.
Ce ne sont que seigneurs, qui, des pieds à la tête,
Sont brillants et parés comme au jour d'une fête ;
Ils surprennent la vue ; et nos prés au printemps,
Avec toutes leurs fleurs, sont bien moins éclatants.
Pour le Prince, entre tous sans peine on le remarque ;
Et d'une stade loin il sent son grand monarque :
Dans toute sa personne il a je ne sais quoi
Qui d'abord fait juger que c'est un maître roi ;
Il le fait d'une grâce à nulle autre seconde, Et cela, sans mentir, lui sied le mieux du monde.
On ne croiroit jamais comme de toutes parts
Toute sa cour s'empresse à chercher ses regards :
Ce sont autour de lui confusions plaisantes ;
Et l'on diroit d'un tas de mouches reluisantes
Qui suivent en tous lieux un doux rayon de miel.
Enfin l'on ne voit rien de si beau sous le ciel ;
Et la fête de Pan, parmi nous si chérie,
Auprès de ce spectacle est une gueuserie.
Mais puisque sur le fier vous vous tenez si bien,
Je garde ma nouvelle, et ne veux dire rien.
Mopse
Et nous ne te voulons aucunement entendre.
Lycarsis
Allez vous promener.
Mopse
Va-t'en te faire pendre. Scène IV
Eroxène, Daphné, Lycarsis
Lycarsis
C'est de cette façon que l'on punit les gens,
Quand ils font les benêts et les impertinents.
Daphné
Le Ciel tienne, pasteur, vos brebis toujours saines !
Eroxène
Cérès tienne de grains vos granges toujours pleines !
Lycarsis
Et le grand Pan vous donne à chacune un époux
Qui vous aime beaucoup, et soit digne de vous !
Daphné
Ah ! Lycarsis, nos voeux à même but aspirent.
Eroxène
C'est pour le même objet que nos deux coeurs soupirent.
Daphné
Et l'Amour, cet enfant qui cause nos langueurs,
A pris chez vous le trait dont il blesse nos coeurs. Eroxène
Et nous venons ici chercher votre alliance,
Et voir qui de nous deux aura la préférence.
Lycarsis
Nymphes...
Daphné
Pour ce bien seul nous poussons des soupirs.
Lycarsis
Je suis...
Eroxène
A ce bonheur tendent tous nos désirs.
Daphné
C'est un peu librement expliquer sa pensée.
Lycarsis
Pourquoi ?
Eroxène
La bienséance y semble un peu blessée.
Lycarsis
Ah ! point. Daphné
Mais quand le coeur brûle d'un noble feu,
On peut sans nulle honte en faire un libre aveu.
Lycarsis
Je...
Eroxène
Cette liberté nous peut être permise,
Et du choix de nos coeurs la beauté l'autorise.
Lycarsis
C'est blesser ma pudeur que me flatter ainsi.
Eroxène
Non, non, n'affectez point de modestie ici.
Daphné
Enfin tout notre bien est en votre puissance.
Eroxène
C'est de vous que dépend notre unique espérance.
Daphné
Trouverons-nous en vous quelques difficultés ?
Lycarsis
Ah ! Eroxène
Nos voeux, dites-moi, seront-ils rejetés ?
Lycarsis
Non : j'ai reçu du Ciel une âme peu cruelle ;
Je tiens de feu ma femme, et je me sens comme elle
Pour les desirs d'autrui beaucoup d'humanité,
Et je ne suis point homme à garder de fierté.
Daphné
Accordez donc Myrtil à notre amoureux zèle.
Eroxène
Et souffrez que son choix règle notre querelle.
Lycarsis
Myrtil ?
Daphné
Oui, c'est Myrtil que de vous nous voulons.
Eroxène
De qui pensez-vous donc qu'ici nous vous parlons ?
Lycarsis
Je ne sais ; mais Myrtil n'est guère dans un âge
Qui soit propre à ranger au joug du mariage. Daphné
Son mérite naissant peut frapper d'autres yeux ;
Et l'on veut s'engager un bien si précieux,
Prévenir d'autres coeurs, et braver la Fortune
Sous les fermes liens d'une chaîne, commune.
Eroxène
Comme par son esprit et ses autres brillants
Il rompt l'ordre commun et devance le temps,
Notre flamme pour lui veut en faire de même,
Et régler tous ses voeux sur son mérite extrême.
Lycarsis
Il est vrai qu'à son âge il surprend quelquefois ;
Et cet Athénien qui fut chez moi vingt mois,
Qui, le trouvant joli, se mit en fantaisie
De lui remplir l'esprit de sa philosophie,
Sur de certains discours l'a rendu si profond,
Que, tout grand que je suis, souvent il me confond.
Mais, avec tout cela, ce n'est encor qu'enfance,
Et son fait est mêlé de beaucoup d'innocence.
Daphné
Il n'est point tant enfant, qu'à le voir chaque jour,
Je ne le croie atteint déjà d'un peu d'amour ;
Et plus d'une aventure à mes yeux s'est offerte
Où j'ai connu qu'il suit la jeune Mélicerte. Eroxène
Ils pourroient bien s'aimer ; et je vois...
Lycarsis
Franc abus.
Pour elle, passe encore : elle a deux ans de plus ;
Et deux ans, dans son sexe, est une grande avance.
Mais pour lui, le jeu seul l'occupe tout, je pense,
Et les petits desirs de se voir ajusté
Ainsi que les bergers de haute qualité.
Daphné
Enfin nous desirons par le noeud d'hyménée
Attacher sa fortune à notre destinée.
Eroxène
Nous voulons, l'une et l'autre, avec pareille ardeur,
Nous assurer de loin l'empire de son coeur.
Lycarsis
Je m'en tiens honoré autant qu'on sauroit croire.
Je suis un pauvre pâtre ; et ce m'est trop de gloire
Que deux Nymphes d'un rang le plus haut du pays
Disputent à se faire un époux de mon fils.
Puisqu'il vous plaît qu'ainsi la chose s'exécute,
Je consens que son choix règle votre dispute ;
Et celle qu'à l'écart laissera cet arrêt,
Pourra, pour son recours, m'épouser, s'il lui plaît,
C'est toujours même sang, et presque même chose. Mais le voici. Souffrez qu'un peu je le dispose.
Il tient quelque moineau qu'il a pris fraîchement,
Et voilà ses amours et son attachement. Scène V
Myrtil, Lycarsis, Eroxène, Daphné
Myrtil
Innocente petite bête,
Qui contre ce qui vous arrête
Vous débattez tant à mes yeux,
De votre liberté ne plaignez point la perte :
Votre destin est glorieux,
Je vous ai pris pour Mélicerte.
Elle vous baisera, vous prenant dans sa main,
Et de vous mettre en son sein
Elle vous fera la grâce.
Est-il un sort au monde et plus doux et plus beau ?
Et qui des rois, hélas ! heureux petit moineau,
Ne voudroit être en votre place ?
Lycarsis
Myrtil, Myrtil, un mot. Laissons là ces joyaux :
Il s'agit d'autre chose ici que de moineaux.
Ces deux Nymphes, Myrtil, à la fois te prétendent,
Et, tout jeune, déjà, pour époux te demandent.
Je dois, pour un hymen, t'engager à leurs voeux,
Et c'est toi que l'on veut qui choisisse des deux.
Myrtil
Ces Nymphes... Lycarsis
Oui. Des deux tu peux en choisir une :
Vois quel est ton bonheur, et bénis la Fortune.
Myrtil
Ce choix qui m'est offert peut-il m'être un bonheur,
S'il n'est aucunement souhaité de mon coeur ?
Lycarsis
Enfin qu'on la reçoive, et que, sans le confondre,
A l'honneur qu'elles font on songe à bien répondre.
Eroxène
Malgré cette fierté qui règne parmi nous,
Deux Nymphes, ô Myrtil, viennent s'offrir à vous ;
Et de vos qualités les merveilles écloses
Font que nous renversons ici l'ordre des choses.
Daphné
Nous vous laissons, Myrtil, pour l'avis le meilleur,
Consulter sur ce choix vos yeux et votre coeur ;
Et nous n'en voulons point prévenir les suffrages
Par un récit paré de tous nos avantages.
Myrtil
C'est me faire un honneur dont l'éclat me surprend ;
Mais cet honneur, pour moi, je l'avoue, est trop grand.
A vos rares bontés il faut que je m'oppose ;
Pour mériter ce sort je suis trop peu de chose ; Et je serois fâché, quels qu'en soient les appas,
Qu'on vous blâmât pour moi de faire un choix trop bas.
Eroxène
Contentez nos desirs, quoi qu'on en puisse croire,
Et ne vous chargez point du soin de notre gloire.
Daphné
Non, ne descendez point dans ces humilités,
Et laissez-nous juger ce que vous méritez.
Myrtil
Le choix qui m'est offert s'oppose à votre attente,
Et peut seul empêcher que mon coeur vous contente.
Le moyen de choisir de deux grandes beautés,
Egales en naissance et rares qualités ?
Rejeter l'une ou l'autre est un crime effroyable,
Et n'en choisir aucune est bien plus raisonnable.
Eroxène
Mais en faisant refus de répondre à nos voeux,
Au lieu d'une, Myrtil, vous en outragez deux.
Daphné
Puisque nous consentons à l'arrêt qu'on peut rendre,
Ces raisons ne font rien à vouloir s'en défendre.
Myrtil
Eh bien ! si ces raisons ne vous satisfont pas, Celle-ci le fera : j'aime d'autres appas ;
Et je sens bien qu'un coeur qu'un bel objet engage
Est insensible et sourd à tout autre avantage.
Lycarsis
Comment donc ? Qu'est-ce ci ? Qui l'eût pu présumer ?
Et savez-vous, morveux, ce que c'est que d'aimer ?
Myrtil
Sans savoir ce que c'est, mon coeur a su le faire.
Lycarsis
Mais cet amour me choque, et n'est pas nécessaire.
Myrtil
Vous ne deviez donc pas, si cela vous déplaît,
Me faire un coeur sensible et tendre comme il est.
Lycarsis
Mais ce coeur que j'ai fait me doit obéissance.
Myrtil
Oui, lorsque d'obéir il est en sa puissance.
Lycarsis
Mais enfin, sans mon ordre il ne doit point aimer.
Myrtil
Que n'empêchiez-vous donc que l'on pût le charmer ? Lycarsis
Eh bien ! je vous défends que cela continue.
Myrtil
La défense, j'ai peur, sera trop tard venue.
Lycarsis
Quoi ? les pères n'ont pas des droits supérieurs ?
Myrtil
Les Dieux, qui sont bien plus, ne forcent point les coeurs.
Lycarsis
Les Dieux... Paix, petit sot ! Cette philosophie
Me...
Daphné
Ne vous mettez point en courroux, je vous prie.
Lycarsis
Non : je veux qu'il se donne à l'une pour époux,
Ou je vais lui donner le fouet tout devant vous :
Ah ! ah ! je vous ferai sentir que je suis père.
Daphné
Traitons, de grâce, ici les choses sans colère.
Eroxène
Peut-on savoir de vous cet objet si charmant
Dont la beauté, Myrtil, vous a fait son amant ? Myrtil
Mélicerte, Madame. Elle en peut faire d'autres.
Eroxène
Vous comparez, Myrtil, ses qualités aux nôtres ?
Daphné
Le choix d'elle et de nous est assez inégal.
Myrtil
Nymphes, au nom des Dieux, n'en dites point de mal :
Daignez considérer, de grâce, que je l'aime,
Et ne me jetez point dans un désordre extrême.
Si j'outrage en l'aimant vos célestes attraits,
Elle n'a point de part au crime que je fais :
C'est de moi, s'il vous plaît, que vient toute l'offense.
Il est vrai, d'elle à vous je sais la différence ;
Mais par sa destinée on se trouve enchaîné :
Et je sens bien enfin que le Ciel m'a donné
Pour vous tout le respect, Nymphes, imaginable,
Pour elle tout l'amour dont une âme est capable.
Je vois, à la rougeur qui vient de vous saisir,
Que ce que je vous dis ne vous fait pas plaisir,
Si vous parlez, mon coeur appréhende d'entendre
Ce qui peut le blesser par l'endroit le plus tendre ;
Et pour me dérober à de semblables coups,
Nymphes, j'aime bien mieux prendre congé de vous. Lycarsis
Myrtil, holà ! Myrtil ! Veux-tu revenir, traître ?
Il fuit ; mais on verra qui de nous est le maître.
Ne vous effrayez point de tous ces vains transports :
Vous l'aurez pour époux ; j'en réponds corps pour corps.
Acte II
Scène I
Mélicerte, Corinne
Mélicerte
Ah ! Corinne, tu viens de l'apprendre de Stelle,
Et c'est de Lycarsis qu'elle tient la nouvelle.
Corinne
Oui.
Mélicerte
Que les qualités dont Myrtil est orné
Ont su toucher d'amour Eroxène et Daphné ?
Corinne
Oui.
Mélicerte
Que pour l'obtenir leur ardeur est si grande,
Qu'ensemble elles en ont déjà fait la demande ?
Et que, dans ce débat, elles ont fait dessein
De passer, dès cette heure, à recevoir sa main ?
Ah ! que tes mots ont peine à sortir de ta bouche !
Et que c'est foiblement que mon souci te touche !
Corinne
Mais quoi ? que voulez-vous ? C'est là la vérité,
Et vous redites tout comme je l'ai conté. Mélicerte
Mais comment Lycarsis reçoit-il cette affaire ?
Corinne
Comme un honneur, je crois, qui doit beaucoup lui plaire.
Mélicerte
Et ne vois-tu pas bien, toi qui sais mon ardeur,
Qu'avec ce mot, hélas ! tu me perces le coeur ?
Corinne
Comment ?
Mélicerte
Me mettre aux yeux que le sort implacable
Auprès d'elles me rend trop peu considérable,
Et qu'à moi, par leur rang, on les va préférer,
N'est-ce pas une idée à me désespérer ?
Corinne
Mais quoi ? je vous réponds, et dis ce que je pense.
Mélicerte
Ah ! tu me fais mourir par ton indifférence.
Mais dis, quels sentiments Myrtil a-t-il fait voir ?
Corinne
Je ne sais. Mélicerte
Et c'est là ce qu'il falloit savoir,
Cruelle !
Corinne
En vérité, je ne sais comment faire,
Et de tous les côtés je trouve à vous déplaire.
Mélicerte
C'est que tu n'entres point dans tous les mouvements
D'un coeur, hélas ? rempli de tendres sentiments.
Va-t'en : laisse-moi seule en cette solitude
Passer quelques moments de mon inquiétude. Scène II
Mélicerte
Vous le voyez, mon coeur, ce que c'est que d'aimer,
Et Belise avoit su trop bien m'en informer
Cette charmante mère, avant sa destinée,
Me disoit une fois, sur le bord du Pénée :
Ma fille, songe à toi : l'amour aux jeunes coeurs
Se présente toujours entouré de douceurs ;
D'abord il n'offre aux yeux que choses agréables ;
Mais il traîne après lui des troubles effroyables ;
Et si tu veux passer tes jours dans quelque paix,
Toujours, comme d'un mal, défends-toi de ses traits."
De ces leçons, mon coeur, je m'étois souvenue ;
Et quand Myrtil venoit à s'offrir à ma vue,
Quand il jouoit avec moi, qu'il me rendoit des soins,
Je vous disois toujours de vous y plaire moins.
Vous ne me crûtes point ; et votre complaisance
Se vit bientôt changée en trop de bienveillance ;
Dans ce naissant amour qui flattoit vos desirs,
Vous ne vous figuriez que joie et que plaisirs :
Cependant vous voyez la cruelle disgrâce
Dont, en ce triste jour, le destin vous menace,
Et la peine mortelle où vous voilà réduit !
Ah ! , mon coeur ! ah, mon coeur ! je vous l'avois bien dit.
Mais tenons, s'il se peut, notre douleur couverte :
Voici... Scène III
Myrtil, Mélicerte
Myrtil
J'ai fait tantôt, charmante Mélicerte,
Un petit prisonnier que je garde pour vous,
Et dont peut-être un jour je deviendrai jaloux :
C'est un jeune moineau, qu'avec un soin extrême
Je veux, pour vous l'offrir, apprivoiser moi-même.
Le présent n'est pas grand ; mais les divinités
Ne jettent leurs regards que sur les volontés :
C'est le coeur qui fait tout ; et jamais la richesse
Des présents que... Mais, Ciel ! d'où vient cette tristesse ?
Qu'avez-vous, Mélicerte, et quel sombre chagrin
Seroit dans vos beaux yeux répandu ce matin !
Vous ne répondez point ? et ce morne silence
Redouble encor ma peine et mon impatience.
Parlez : de quel ennui ressentez-vous les coups ?
Qu'est-ce donc ?
Mélicerte
Ce n'est rien.
Myrtil
Ce n'est rien, dites-vous ?
Et je vois cependant vos yeux couverts de larmes :
Cela s'accorde-t-il, beauté pleine de charmes ?
Ah ! ne me faites point un secret dont je meurs, Et m'expliquez, hélas ! ce que disent ces pleurs.
Mélicerte
Rien ne me serviroit de vous le faire entendre.
Myrtil
Devez-vous rien avoir que je ne doive apprendre ?
Et ne blessez-vous pas notre amour aujourd'hui,
De vouloir me voler ma part de votre ennui ?
Ah ! ne le cachez point à l'ardeur qui m'inspire.
Mélicerte
Hé bien, Myrtil, hé bien ! il faut donc vous le dire :
J'ai su que, par un choix plein de gloire pour vous,
Eroxène et Daphné vous veulent pour époux ;
Et je vous avouerai que j'ai cette foiblesse
De n'avoir pu, Myrtil, le savoir sans tristesse,
Sans accuser du sort la rigoureuse loi,
Qui les rend dans leurs voeux préférables à moi.
Myrtil
Et vous pouvez l'avoir, cette injuste tristesse !
Vous pouvez soupçonner mon amour de foiblesse,
Et croire qu'engagé par des charmes si doux,
Je puisse être jamais à quelque autre qu'à vous ?
Que je puisse accepter une autre main offerte ?
Hé ! que vous ai-je fait, cruelle Mélicerte,
Pour traiter ma tendresse avec tant de rigueur,
Et faire un jugement si mauvais de mon coeur ? Quoi ? faut-il que de lui vous ayez quelque crainte ?
Je suis bien malheureux de souffrir cette atteinte ;
Et que me sert d'aimer comme je fais, hélas !
Si vous êtes si prête à ne le croire pas ?
Mélicerte
Je pourrois moins, Myrtil, redouter ces rivales,
Si les choses étoient de part et d'autre égales,
Et dans un rang pareil j'oserois espérer
Que peut-être l'amour me feroit préférer ;
Mais l'inégalité de bien et de naissance,
Qui peut d'elles à moi faire la différence...
Myrtil
Ah ! leur rang de mon coeur ne viendra point à bout,
Et vos divins appas vous tiennent lieu de tout.
Je vous aime, il suffit ; et dans votre personne
Je vois rang, biens, trésors, Etats, sceptres, couronne :
Et des rois les plus grands m'offrît-on le pouvoir,
Je n'y changerois pas le bien de vous avoir.
C'est une vérité toute sincère et pure,
Et pouvoir en douter est me faire une injure.
Mélicerte
Hé bien ! je crois, Myrtil, puisque vous le voulez,
Que vos voeux par leur rang ne sont point ébranlés ;
Et que, bien qu'elles soient nobles, riches et belles,
Votre coeur m aime assez pour me mieux aimer qu'elles.
Mais ce n'est pas l'amour dont vous suivez la voix ; Votre père, Myrtil, réglera votre choix ;
Et de même qu'à vous je ne lui suis pas chère,
Pour préférer à tout une simple bergère.
Myrtil
Non, chère Mélicerte, il n'est père ni Dieux
Qui me puissent forcer à quitter vos beaux yeux ;
Et toujours de mes voeux reine comme vous êtes...
Mélicerte
Ah ! Myrtil, prenez garde à ce qu'ici vous faites :
N'allez point présenter un espoir à mon coeur,
Qu'il recevroit peut-être avec trop de douceur,
Et qui, tombant après comme un éclair qui passe,
Me rendroit plus cruel le coup de ma disgrâce.
Myrtil
Quoi ? faut-il des serments appeler le secours,
Lorsque l'on vous promet de vous aimer toujours ?
Que vous vous faites tort par de telles alarmes,
Et connoissez bien peu le pouvoir de vos charmes !
Hé bien ! puisqu'il le faut, je jure par les Dieux,
Et si ce n'est assez, je jure par vos yeux,
Qu'on me tuera plutôt que je vous abandonne.
Recevez-en ici la foi que je vous donne,
Et souffrez que ma bouche avec ravissement
Sur cette belle main en signe le serment. Mélicerte
Ah ! Myrtil, levez-vous, de peur qu'on ne vous voie.
Myrtil
Est-il rien... ? Mais, ô Ciel ! on vient troubler ma joie. Scène IV
Lycarsis, Myrtil, Mélicerte
Lycarsis
Ne vous contraignez pas pour moi.
Mélicerte
Quel sort fâcheux !
Lycarsis
Cela ne va pas mal : continuez tous deux.
Peste ! mon petit fils, que vous avez l'air tendre,
Et qu'en maître déjà vous savez vous y prendre !
Vous a-t-il, ce savant qu'Athènes exila,
Dans sa philosophie appris ces choses-là ?
Et vous, qui lui donnez de si douce manière
Votre main à baiser, la gentille bergère,
L'honneur vous apprend-il ces mignardes douceurs,
Par qui vous débauchez ainsi les jeunes coeurs ?
Myrtil
Ah ! quittez de ces mots l'outrageante bassesse,
Et ne m'accablez point d'un discours qui la blesse.
Lycarsis
Je veux lui parler, moi. Toutes ces amitiés... Myrtil
Je ne souffrirai point que vous la maltraitiez.
A du respect pour vous la naissance m'engage ;
Mais je saurai sur moi vous punir de l'outrage.
Oui, j'atteste le Ciel que si, contre mes voeux,
Vous lui dites encor le moindre mot fâcheux,
Je vais avec ce fer, qui m'en fera justice,
Au milieu de mon sein vous chercher un supplice,
Et par mon sang versé lui marquer promptement
L'éclatant désaveu de votre emportement.
Mélicerte
Non, non, ne croyez pas qu'avec art je l'enflamme,
Et que mon dessein soit de séduire son âme.
S'il s'attache à me voir, et me veut quelque bien,
C'est de son mouvement : je ne l'y force en rien.
Ce n'est pas que mon coeur veuille ici se défendre
De répondre à ses voeux d'une ardeur assez tendre :
Je l'aime, je l'avoue, autant qu'on puisse aimer ;
Mais cet amour n'a rien qui vous doive alarmer ;
Et pour vous arracher toute injuste créance,
Je vous promets ici d'éviter sa présence,
De faire place au choix où vous vous résoudrez,
Et ne souffrir ses voeux que quand vous le voudrez. Scène V
Lycarsis, Myrtil
Myrtil
Eh bien ! vous triomphez avec cette retraite,
Et dans ces mots votre âme a ce qu'elle souhaite ;
Mais apprenez qu'en vain vous vous réjouissez,
Que vous serez trompé dans ce que vous pensez,
Et qu'avec tous vos soins, toute votre puissance,
Vous ne gagnerez rien sur ma persévérance.
Lycarsis
Comment ? à quel orgueil, fripon, vous vois-je aller ?
Est-ce de la façon que l'on me doit parler ?
Myrtil
Oui, j'ai tort, il est vrai, mon transport n'est pas sage :
Pour rentrer au devoir, je change de langage,
Et je vous prie ici, mon père, au nom des Dieux,
Et par tout ce qui peut vous être précieux,
De ne vous point servir, dans cette conjoncture,
Des fiers droits que sur moi vous donne la nature :
Ne m'empoisonnez point vos bienfaits les plus doux.
Le jour est un présent que j'ai reçu de vous ;
Mais de quoi vous serai-je aujourd'hui redevable,
Si vous me l'allez rendre, hélas ! insupportable ?
Il est, sans Mélicerte, un supplice à mes yeux :
Sans ses divins appas rien ne m'est précieux ; Ils font tout mon bonheur et toute mon envie ;
Et si vous me l'ôtez, vous m'arrachez la vie.
Lycarsis
Aux douleurs de son âme il me fait prendre part.
Qui l'auroit jamais cru de ce petit pendart ?
Quel amour ! quels transports ! quels discours pour son âge !
J'en suis confus, et sens que cet amour m'engage.
Myrtil
Voyez, me voulez-vous ordonner de mourir ?
Vous n'avez qu'à parler, je suis prêt d'obéir.
Lycarsis
Je ne puis plus tenir : il m'arrache des larmes,
Et ces tendres propos me font rendre les armes.
Myrtil
Que si dans votre coeur un reste d'amitié
Vous peut de mon destin donner quelque pitié,
Accordez Mélicerte à mon ardente envie,
Et vous ferez bien plus que me donner la vie.
Lycarsis
Lève-toi.
Myrtil
Serez-vous sensible à mes soupirs ? Lycarsis
Oui.
Myrtil
J'obtiendrai de vous l'objet de mes desirs ?
Lycarsis
Oui.
Myrtil
Vous ferez pour moi que son oncle l'oblige
A me donner sa main ?
Lycarsis
Oui. Lève-toi, te dis-je.
Myrtil
O père, le meilleur qui jamais ait été,
Que je baise vos mains après tant de bonté !
Lycarsis
Ah ! que pour ses enfants un père a de foiblesse !
Peut-on rien refuser à leurs mots de tendresse ?
Et ne se sent-on pas certains mouvements doux,
Quand on vient à songer que cela sort de vous ?
Myrtil
Me tiendrez-vous au moins la parole avancée ?
Ne changerez-vous point, dites-moi, de pensée ? Lycarsis
Non.
Myrtil
Me permettez-vous de vous désobéir,
Si de ces sentiments on vous fait revenir ?
Prononcez le mot.
Lycarsis
Oui. Ha, nature, nature !
Je m'en vais trouver Mopse, et lui faire ouverture
De l'amour que sa nièce et toi vous vous portez,
Myrtil
Ah ! que ne dois-je point à vos rares bontés ?
Quelle heureuse nouvelle à dire à Mélicerte !
Je n'accepterois pas une couronne offerte,
Pour le plaisir que j'ai de courir lui porter
Ce merveilleux succès qui la doit contenter. Scène VI
Acante, Tyrène, Myrtil
Acante
Ah ! Myrtil, vous avez du Ciel reçu des charmes
Qui nous ont préparé des matières de larmes,
Et leur naissant éclat, fatal à nos ardeurs,
De ce que nous aimons nous enlève les coeurs.
Tyrène
Peut-on savoir, Myrtil, vers qui de ces deux belles
Vous tournerez ce choix dont courent les nouvelles,
Et sur qui doit de nous tomber ce coup affreux
Dont se voit foudroyé tout l'espoir de nos voeux ?
Acante
Ne faites point languir deux amants davantage,
Et nous dites quel sort votre coeur nous partage.
Tyrène
Il vaut mieux, quand on craint ces malheurs éclatants,
En mourir tout d'un coup, que traîner si longtemps.
Myrtil
Rendez, nobles bergers, le calme à votre flamme :
La belle Mélicerte a captivé mon âme :
Auprès de cet objet mon sort est assez doux,
Pour ne pas consentir à rien prendre sur vous ; Et si vos voeux enfin n'ont que les miens à craindre,
Vous n'aurez, l'un ni l'autre, aucun lieu de vous plaindre.
Acante
Ah ! Myrtil, se peut-il que deux tristes amants... ?
Tyrène
Est-il vrai que le Ciel, sensible à nos tourments... ?
Myrtil
Oui, content de mes fers comme d'une victoire,
Je me suis excusé de ce choix plein de gloire ;
J'ai de mon père encor changé les volontés,
Et l'ai fait consentir à mes félicités.
Acante
Ah ! que cette aventure est un charmant miracle,
Et qu'à notre poursuite elle ôte un grand obstacle !
Tyrène
Elle peut renvoyer ces Nymphes à nos voeux,
Et nous donner moyen d'être contents tous deux. Scène VII
Nicandre, Myrtil, Acante, Tyrène
Nicandre
Savez-vous en quel lieu Mélicerte est cachée ?
Myrtil
Comment ?
Nicandre
En diligence elle est partout cherchée.
Myrtil
Et pourquoi ?
Nicandre
Nous allons perdre cette beauté.
C'est pour elle qu'ici le Roi s'est transporté :
Avec un grand seigneur on dit qu'il la marie.
Myrtil
O Ciel ! Expliquez-moi ce discours, je vous prie.
Nicandre
Ce sont des incidents grands et mystérieux.
Oui, le Roi vient chercher Mélicerte en ces lieux ;
Et l'on dit qu'autrefois feu Belise, sa mère,
Dont tout Tempé croyoit que Mopse étoit le frère... Mais je me suis chargé de la chercher partout :
Vous saurez tout cela tantôt, de bout en bout.
Myrtil
Ah, Dieux ! quelle rigueur ! Hé ! Nicandre, Nicandre !
Acante
Suivons aussi ses pas, afin de tout apprendre.
FIN
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