Tous mes plaisirs sont morts, ou ma gloire ternie.
L'un me rend malheureux, l'autre indigne du jour.
Cher et cruel espoir d'une âme généreuse,
Mais ensemble amoureuse,
Digne ennemi de mon plus grand bonheur.
Fer qui cause ma peine,
M'es-tu donné pour venger mon honneur ?
M'es-tu donné pour perdre ma Chimène ? Il vaut mieux courir au trépas.
Je dois à ma maîtresse aussi bien qu'à mon père; J'attire en me vengeant sa haine et sa colère; J'attire ses mépris en ne me vengeant pas. À mon plus doux espoir l'un me rend infidèle, Et l'autre indigne d'elle.
Mon mal augmente à le vouloir guérir; Tout redouble ma peine.
Allons, mon âme ; et puisqu'il faut mourir, Mourons du moins sans offenser Chimène.
Mourir sans tirer ma raison !
Rechercher un trépas si mortel à ma gloire Endurer que l'Espagne impute à ma mémoire D'avoir mal soutenu l'honneur de ma maison ! Respecter un amour dont mon âme égarée Voit la perte assurée !
N'écoutons plus ce penser suborneur, Qui ne sert qu'à ma peine.
Allons, mon bras, sauvons du moins l'honneur, Puisqu'après tout il faut perdre Chimène.